L’Autre Continent : c’est l’amour flou.

L’Autre Continent : c’est l’amour flou.

Maria a 30 ans, elle est impatiente, libre, et experte en néerlandais. Olivier a le même âge, il est calme, timide et parle quatorze langues. Ils sont tous les deux français et se rencontrent à Taïwan où ils sont guides pour les touristes. Ils se tournent autour, tombent amoureux, vivent ensemble,… bref filent une belle histoire d’amour. Mais Olivier tombe gravement malade. Le couple doit alors rentrer en France pour le soigner.

 

L’Autre continent est une histoire sur la fougue, le besoin de partir, le dépaysement, l’amour évidemment aussi. Du moins pour la première partie du film, jusqu’à l’annonce de la maladie d’Olivier. En effet, la poésie de la première partie (sur le fond comme sur la forme), laisse ensuite place à une seconde partie qui met en lumière la maladie et les limites de l’amour face à celle-ci.

 

Le principal attrait du film est la qualité des plans qu’il nous propose. On pense notamment aux nombreux plans utilisant une très faible profondeur de champs ou à l’inverse aux plans verticaux qui donnent à voir la grille des rues de Taipei (que l’on imagine capturés au drone) mais aussi aux plus originaux inserts sur des images plus abstraites (tâches colorées, images prises au microscope, étendues blanches canadiennes) qui nous plongent dans le cerveau du personnage d’Olivier et nous aident à comprendre son état. C’est d’ailleurs le réalisateur lui-même qui était au cadre. Cette esthétique travaillée, couplée à une voix off  discrète et à l’usage pertinent ainsi qu’à une grande justesse dans l’usage des musiques et un mixage sonore particulièrement bien effectué nous donnent un film très agréable à regarder et participe à faire transparaître une émotion véritable. On retrouve encore une fois cette poésie dans le titre du film : l’autre continent déploie son sens sur de multiples facettes, littéralement c’est l’Asie mais cela peut aussi désigner la maladie ou même l’autre personne en tant que continent.

 

Cependant, comme l’avoue Déborah François (l’interprète de Maria) lorsqu’elle confie son impression de « faire deux films mariés en un seul », il y a une vraie différence de ton entre les scènes se déroulants à Taïwan et celles en France. Et si le souffle et la fraîcheur de la première partie sont bienvenus par la poésie et le sentiment d’exotisme qu’ils nous procurent, la seconde partie du film, au scénario plus poussif et plus triste, nous plonge dans un univers plus pesant. De plus, certains spectateurs pourront être dérangés par des prestations d’acteurs assez moyennes de la part de Déborah François et Paul Hamy. Ces deux paramètres combinés modèrent donc quelque peu l’enthousiasme suscité par la première partie.

 

Malheureusement, chez spectateur qui sort de la projection, le sentiment qui domine est celui de la déception. Malgré d’évidentes qualités techniques de réalisation utilisées dans une démarche singulière qui alterne entre visions macroscopique et microscopiques, L’Autre continent n’arrive pas, in fine, à convaincre son public.

 

Un film de Romain Cogitore, avec Déborah François et Paul Hamy – sortie prévue le 5 juin 2019.

 

Le pôle Jury.

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