Sociogramme n°1

Sociogramme n°1

Avant Barcelone, le permis.

Une quinquagénaire arrive à Utopia et gare son vélo sur le trottoir en compagnie de deux amies. Habituée du cinéma, elle a remarqué qu’un nouveau point d’attache a été installé, « tout le monde vient à vélo ici » dit-elle. Le groupe d’amies s’est retrouvé pour voir ensemble Tout est permis, le documentaire de Coline Serreau, suivi d’un débat avec les spectateurs. Il reste vingt minutes avant le début de la séance de 20h, encas terminé, « on se roule une cigarette avant d’y aller ? ». L’échange se tient devant l’entrée, assises sur le rebord d’un muret, elles discutent, la Gazette à proximité. Notre spectatrice s’exclame et explique son entrain ; « Je suis vraiment enthousiaste à l’idée de découvrir son nouveau film. Heureusement que la projection est aujourd’hui, je pars demain à Barcelone, pour le travail ».

Les trois amies se dirigent vers le guichet pour prendre leur billet ; notre quinquagénaire interpelle alors le jeune homme chargé de contrôler les entrées. Il y a un film qu’elle souhaite voir à Avignon, absolument, les deux cinéphiles se reverront à la suite de la projection pour en parler à nouveau.

Tout est permis est introduit par l’exploitant d’Utopia Avignon et par la réalisatrice ; elle ne souhaite pas parler du film avant qu’il ne soit projeté. Le générique de fin une fois terminé, le débat s’étoffe peu à peu. Notre spectatrice assise au fond de la salle est restée silencieuse, elle se redresse et décide de prendre la parole ; « Tout d’abord merci. Je vais à Barcelone demain. En voiture… Et, je dois dire que votre film m’a vraiment fait réfléchir ».

Le cadre des Rencontres Cinématographiques du Sud propose au public d’assister à des projections de films en avant-première. Aussi, Tout est permis fait partie de ce « type » de films d’autant plus pertinent dans les murs de ce cinéma en ce qu’il interpelle par un sujet ancré dans les questions de société qui touchent tout un chacun. Le lieu Utopia est quant à lui fortement empreint de l’idéologie du partage de ressentis, d’idées politiques, mais, plus globalement, il induit aussi tout un dispositif de pratiques autour de la projection. On vient à pieds ou à vélo, surtout, on vient en compagnie d’amis, partager un moment. On vient aussi pour discuter, parler de soi, de son expérience personnelle.

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