« The Strange Ones » (Christopher Radcliff et Lauren Wolkstein) par Sarah Montagné
Deux frères traversent une région américaine sauvage, isolée et sombre. L’aîné, Nick, âgé d’une trentaine d’années, dit amener son jeune frère camper. Famille, nature, voyage… Autant de termes aux connotations apaisantes et réconfortantes. Et pourtant…
Comme le titre l’indique, nul repos n’est de mise dans ce long métrage mystérieux et déroutant. Qu’il s’agisse d’une tasse de café qui disparaît soudainement ou encore de l’ambiguïté de cette relation a priori fraternelle, les apparences sont toujours trompeuses. Partant de l’affirmation énoncée par Nick au début du film (“la réalité, c’est dans ta tête”), on comprend que la réalité résulte toujours d’une vue subjective, d’un choix. Ainsi, tous les liens se brouillent : les liens familiaux, les liens de causalité et la raison pour laquelle ils sont en vacances (en cavale ?), et finalement, même les liens temporels. Entre réalité et fantasme, entre désir et peur, The Strange Ones nous propose une multiplicité d’alternatives parallèles.
Le jeune Sam – Jeremiah, c’est selon – semble noyé entre ces nombreux régimes du réel. Une mort douteuse lors d’un incendie nous donne les indices nécessaires à la compréhension (partielle) de l’intrigue : un mystère rôde autour de ce couple, des secrets les possèdent et la révélation reste en suspens.
The Strange Ones joue avec les codes du thriller et du drame pour dérouter ses spectateurs, sans leur imposer la primauté d’une seule interprétation. Ce trouble permet alors d’aborder des thèmes lourds, de manière subtile et intrigante : entre traque, violences familiales et pédophilie, amour et fascination… de quoi perturber et questionner chacun d’entre nous, assurément.
Film en compétition
Sortie nationale : 27 juin 2018
Bande annonce : https://lc.cx/PfLQ