On a vu : Arnaud fait son deuxième film
C’est quoi ? Arnaud fait son deuxième film. Titre pour le moins explicite. On suit Arnaud, le réalisateur, dans ses pérégrinations pour parvenir à faire son deuxième film, 10 ans après son premier. Il se remet à donner des leçons de cinéma au Cours Florent pour se faire de l’argent, se sépare de sa fiancée, Chloé car ils n’arrivent pas à avoir d’enfant et parallèlement, essaie d’accoucher de ce deuxième film. Puis il rencontre Gabrielle, un des points d’ancrage du changement…
De qui ? Arnaud Viard qui nous livre ici son deuxième film, très personnel en s’adonnant à l’auto-fiction. Il joue lui-même le rôle d’Arnaud et il le fait magnifiquement. On rit avec lui, on doute avec lui, on pleure avec lui, on aime avec lui et l’on ne peut qu’être séduit par sa sincérité, la profondeur de son regard, ses sourires communicatifs.
Avec qui ? Louise Coldefy dans le rôle de Gabrielle. Elle interprète une élève d’Arnaud au Cours Florent et va s’avérer décisive dans le parcours de vie de son professeur. Pétillante et fraîche dans la vie de tous les jours, Louise nous livre ici une interprétation d’une jeune fille de 21 ans opportuniste, sûre d’elle et qui se bat pour devenir comédienne.
Irène Jacob qui revient sur les écrans en interprétant Chloé, la fiancée d’Arnaud, ici touchée par la grâce.
La participation de Frédérique Bel qui constitue, selon Arnaud Viard, l’archétype de la fille barrée et jolie que l’on peut trouver sur les sites de Rencontres (avec beaucoup d’ironie bien sûr).
On en a pensé quoi ? Cette mise à nue réelle d’Arnaud Viard nous a particulièrement touchée. On assiste à la course d’un homme qui va vers sa vie, semée d’embuche, comme peut l’être celle de n’importe qui et c’est aussi en ça que l’on se sent plus proche du personnage. Cet aspect quasi documentaire, oscillant sans cesse entre réalité et fiction et provoquant donc tout un tas d’interrogations (le réalisateur a-t-il vraiment vécu ça en vrai ?) fonctionne et nous emporte. De plus, la métaphore filée entre le fait d’avoir un enfant, le désir d’accoucher et de donner la vie humaine pour parler en parallèle du cinéma est d’une beauté remarquable. Arnaud Viard signe un film de maître, en se positionnement de manière aussi aisée, tant avant que derrière la caméra, nous livrant un ensemble de scènettes, reliées les unes aux autres. La musique, importante dans le film et qui est une véritable source d’inspiration pour l’auteur nous fait vibrer de bout en bout et trotte dans nos têtes de façon entêtante. Tout y est, le rire, les larmes, l’intimité partagée… On y retrouve du Truffaut pour le côté auto-fiction (Truffaut a utilisé le personnage d’Antoine Doinel pour parler de lui), du Woody Allen pour la psychanalyse, un soupçon de Guillaume Gallienne ou encore de Valéria Bruni-Tedeschi qui se racontent avec beaucoup de recul sur eux même à l’écran.
Bref, ce que l’on peut dire c’est qu’Arnaud, avec son deuxième film réussit à couper le cordon. Brillant !
Le petit plus ? Le clap de fin