Rencontre avec Denis Dercourt

Rencontre avec Denis Dercourt

Interview de Denis Dercourt, réalisateur du film En équilibre. Interview d’autant plus exclusive que nous sommes les premiers (après une interview radio) !


Bonjour Denis Dercourt. Merci d’être avec nous pour nous parler de votre film « En Equilibre ». Vous vous êtes inspiré de la vie de ce cavalier, Bernard Sachsé pour faire votre film ?

Oui, en fait il y a eu un récit de sa vie qui est sorti dans une édition équestre, de sa vie avant, et de sa vie après parce qu’il est devenu un cavalier de dressage important. Mais j’en ai fait une fiction autour de ça. J’ai mis 4 ans à l’écrire. Bernard se retrouve totalement dans cette histoire.

 

Oui, d’ailleurs c’était votre conseiller technique ?

Oui, pour les chevaux.

 

Au niveau du casting est-ce que le choix des acteurs s’est fait naturellement, dès l’écriture du scénario ou est-ce que c’est venu plus tard ?

Non, l’écriture du scénario je ne le fait pas depuis mes premiers films, comme beaucoup de réalisateurs. C’est une fois que le scénario est fait, qu’il est tr ès écrit que l’on va voir le comédien qui correspond le plus.

 

C’était pas vraiment voulu que Cécile de France joue avec Albert Dupontel ?

On cherchait d’abord l’homme donc on a tout de suite demandé à Albert. Au scénario c’était le personnage le plus important du film. C’est pendant le tournage que ça s’est équilibré.

 

C’est vous qui avait décidé de ce rééquilibrage du coup ?

Oui tout à fait. Parce que le film c’est un corps vivant en fait. On a une idée très intellectuelle. C’est comme dans la vie. On pense que son bébé va être blond et en fait il est brun, ou on pense que son enfant va être fort en maths et en fait il est nul. On fait avec !

 

C’est quelque chose qui a évolué en fait…

Oui en fonction de ce qui se passait sur le tournage, entre les deux personnages. Une fois qu’Albert avait dit oui il fallait chercher quelqu’un qui correspondre bien, qui soit un beau couple de cinéma. Ils avaient joué ensemble dans un film et pas dans la même scène. Je suis sûr que la décision finale d’Albert ça a été quand il a su que Cécile le faisait, et je suis sûr que Cécile, en fait, je ne sais pas si elle aurait fait le film si ça n’avait pas été Albert.

 

Pendant le film on est assez bluffé par les scènes que tourne Albert Dupontel au niveau des cascades équestre et de Cécile de France au piano. C’était une volonté de votre part ou des acteurs de faire eux même les scènes ?

Dans le cas d’Albert c’est sa volonté à lui. La productrice était un peu moins contente (rires). En fait elle a préféré que les scènes de cascade se fassent à la fin.

 

Oui, pour éviter tout problème au niveau du tournage…

En effet, s’il y avait eu le moindre accident on avait plus rien à tourner. C’est toujours ça les assurances.

 

Vous avez pu bien apprendre à les connaître d’ailleurs ces assurances. Comment s’est fait ce travail de recherche ?

Ah oui je connais bien les assurances maintenant (rires). Alors, on fait ça avec tous les moyens du bord. On appelle tous les copains assureurs. J’ai aussi appelé une médecin qui se bat contre les assurances et qui a écrit un livre dessus. J’ai beaucoup consulté les blogs et les arrêts de jurisprudence. Ce cas-là fait d’ailleurs jurisprudence. J’ai pas mal consulté tout ça pour pas dire de connerie, même si au final ça se retrouve dans une phrase de l’avocat. Ça sert en écriture d’avoir un background de documentation.

 

C’était la première fois que vous tourniez un film avec des chevaux ?

Oui. J’avais fait auparavant un film en costume napoléonien, les napoléoniens auraient voulu que je mette des chevaux et bon, y’avait assez de bordel comme ça. Tourner avec des animaux c’est toujours des difficultés. On dit que les difficultés principales sont de tourner avec des enfants, tourner avec des animaux et tourner sur un bateau. L’autre jour j’ai vu « L’Odyssée de Pi », c’est un gamin sur un bateau avec des animaux alors… (rires).

 

Du coup ça s’est bien passé avec les chevaux ?

Ah oui ! Y’avait Bernard en fait. Et puis on m’avait d’abord peint un tableau tellement horrible de tourner avec des chevaux, comme quoi ils ne peuvent tourner que deux heures par jours, etc. En fait pas du tout. Je reconnaissais celui qui était plus cabot que l’autre… Ils sont très comédiens eux aussi.

 

Il y a eu combien de chevaux utilisés ?

Pour Othello, le cheval principal, il y a eu 4 chevaux utilisés. En fait, il y a quelque chose qui n’est pas vrai, mais on a pris cette liberté, c’est que ça soit le même cheval qui fasse les cascades et de la haute école, mais en vrai ce n’est pas le même genre de chevaux. Pour des histoires narratives on a voulu que ça soit le même et Bernard a accepté. C’est donc pas le même qui fait l’accident, la cascade…

 

Est-ce que vous avez un secret de tournage à nous livrer, ou une anecdote à nous raconter, le petit truc ?

Le petit truc… En fait c’est pas le réalisateur qui voit parce qu’il est dans un tel délire de décisions à prendre tout le temps. Et puis moi je change beaucoup de choses. Y’a eu des fois où on a frôlé la catastrophe. La fois où on a vraiment frôlé la catastrophe c’était en bateau. Parce qu’Albert, il n’y vas pas mollo quand il fait des cascades. En voiture il nous a déjà fait quelques frayeurs. En bateau, on était dans un bateau suiveur et à un moment le bateau sur lequel étaient Albert et Cécile a mal pris le virage et il a failli se retourner. La caméra était à deux doigts de tomber dans l’eau et au tout dernier moment on l’a sauvée. A un autre moment, un cheval s’est emballé pendant le tournage, y’a eu des chutes… C’était physique !

 

Il a duré combien de temps le tournage en tout ?

Pas très longtemps. 34 jours.

 

Ça a été efficace.

Ah oui, mais en Allemagne ils arrivent à tourner sur des périodes beaucoup plus courtes, aux Etats-Unis aussi. On a beaucoup tourné.

 

Toutes les scènes sont tournées vers Saint Malo ?

Oui, mais surtout Saint Nazère.

 

Parce que c’est une région que vous connaissez bien ?

On a du trouver la ferme. On a fait toutes les côtes de France et c’est là qu’on l’a trouvée. Elle était en plus à 20 kilomètres de là où j’avais vécu. Donc je connaissais bien cette région. On a panaché avec l’autre région dans laquelle se tourne le film, c’est-à-dire les Pays de la Loire.

 

Si vous deviez conseiller ce film, qu’est-ce que vous diriez ?

Ahah, et bien c’est plutôt à vous qu’il faut poser la question !

 

Si on revient sur les acteurs, il est vrai que Cécile de France est magnifique…

Ah oui oui, et puis ce qu’elle fait est exceptionnel. C’est une immense actrice.

 

Et puis de savoir qu’ils ne sont pas doublés, ça rajoute vraiment une densité au récit. On se demandait si à la base Cécile de France était pianiste ?

Pas du tout, pas une note ! Vraiment une catastrophe !

 

En combien de temps a-t-elle appris ?

Je crois en 4, 5 mois de coaching, mais elle faisait d’autres choses en même temps. Elle a beaucoup travaillé. Par contre Albert Dupontel montait à cheval ! Cécile n’y connaissait rien au chevaux elle.

 

Par rapport aux Rencontres Cinématographiques du Sud, en quoi c’est important d’être ici ?

(La distributrice qui nous a rejoint répond à la demande de Denis Dercourt) : En tant que distributeur, quand on a envisagé la tournée et qu’on en a parlé à Denis, on a tout de suite parlé des Rencontres d’Avignon. C’est important parce qu’il y a l’aspect public et professionnel. L’aspect professionnel c’est important parce que mine de rien il y a quand même beaucoup d’exploitants de tout le sud de la France qui se retrouvent ici. Par rapport à la date de sortie du film ça tombait bien et ça permet de créer la notoriété du film. Après il y a l’aspect public qui pour nous était intéressant à un mois de la sortie de commencer à tester la réaction d’un public dans les salles. Ce soir c’est d’ailleurs la première en salle !

 

Denis Dercourt : vous êtes notre premier blog, là on a fait la première radio…

 

On est super content d’être les premiers dans ce cas, et merci de nous avoir accordé de votre temps pour répondre à nos questions.

 

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