Tout pour être heureux de Cyril Gelblat
Tout pour être heureux
De Cyril Gelblat
France, 1h37
Sortie le 13 avril 2016
Avec Manu Payet, Audrey Lamy, Aure Atika
Distributeur : Mars Distribution
Ce n’est pas chose originale que d’affirmer que notre appréciation d’un film dépend non seulement de ses qualités intrinsèques, mais bien aussi et peut-être avant tout du contexte dans lequel on le regarde. Tout pour être heureux a été mon dernier film des Rencontres et a dû par conséquent se soumettre à la comparaison avec tout ce que j’avais aimé et tout ce qui m’avait déplu au cours de la semaine. J’ai failli manquer la séance, mais je suis arrivée assez tôt pour observer de façon dubitative une vingtaine d’adolescents se presser pour prendre des photos avec Aure Atika, Cyril Gelbat, Xavier de Moulins et surtout Manu Payet, présents à l’avant-première.
C’est donc un oeil critique et sceptique que j’ai d’abord posé sur l’écran. Le scénario qui se présentait à moi était relativement simple : Antoine a presque quarante ans, une femme et deux filles, des responsabilités qu’il néglige complètement. Personnage à première vue antipathique, il ne pense qu’à la musique, à faire grandir son label, et décide de quitter cette vie de famille pour retrouver l’insouciance et la liberté de sa jeunesse. On se doute dès lors que ce qui va se jouer, c’est la prise de conscience progressive du personnage qu’il avait « tout pour être heureux », que sa femme et ses filles lui manquent, que ses aspirations ont évolué depuis l’âge de ses vingt ans.
La simplicité de l’histoire, une adaptation libre du roman de Xavier de Moulins Un coup à prendre, ne fait pas du film un chef-d’oeuvre, mais lui confère un certain charme. On est attendri par les deux fillettes qui ont du mal à comprendre les histoires de leurs parents et oscillent entre rires et larmes. On est touché par ces petits drames quotidiens, cette scène forte du début du film où Antoine prête si peu attention à sa femme qu’il en oublie de laisser la lumière allumée lorsqu’il quitte la salle de bains dans laquelle elle se trouve également. On est forcément ramené à notre propre vie par un des détails a priori insignifiants qui composent le film, car la simplicité apparente devient universalité potentielle.
Certes, Tout pour être heureux n’est pas très original, il cède par moments aux clichés et nous surprend rarement. Mais la fin du film, sans vouloir la dévoiler totalement, est assez juste, et une jolie bande originale accompagne l’histoire – on appréciera notamment la présence de Ray Lamontagne et Jose Gonzales.
Assister à la séance de Tout pour être heureux, c’est passer un moment agréable mais pas inoubliable. Dans la lignée de Kokowääh (film allemand de 2011, réalisé par Til Schweiger, qui en est également l’acteur principal), il nous parle avec tendresse d’une histoire de famille qu’on connaît tous plus ou moins, et que vous pourrez retrouver dans les salles dès le 13 avril.
Mathilde Chauvel