Rencontre avec Isabelle Grelat, productrice de En Équilibre

Rencontre avec Isabelle Grelat, productrice de En Équilibre


Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Isabelle Grellat. Je suis productrice chez Mandarin Cinéma. C’est une société qui a une vingtaine d’années. On a fait des films assez différents tels qu’OSS 117, Brice de Nice, Yves Saint-Laurent, les François Ozon, les Rémi Bezançon… Nous sommes trois producteurs. Nous faisons entre deux et trois tournages par an. Cette année nous sommes très pris, nous avons  sept tournages de prévus ! Le temps de développement (l’écriture) est variable : entre 18 mois et 2-3 ans. On ne maîtrise pas bien le moment où le film va arriver en production. Certaines années nous sommes donc plus en développement et d’autres années plus en tournage.

Comment êtes-vous arrivée dans le monde du cinéma ?

C’est particulier et par hasard. J’ai fait des études de droit : un master en droit de la propriété artistique. Du droit pur mais quand même relié à l’art. J’ai commencé à travailler pour un organisme de financement de cinéma : une SOFICA (Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel). Mon boulot était d’accueillir des producteurs et de présenter leurs projets à des banquiers pour les conseiller sur les investissements. C’est un boulot au carrefour entre le marché artistique et celui de la distribution. Le cœur du métier de producteur est à la fois artistique et commercial. Mon but n’était pas d’être productrice à l’origine. C’est en travaillant chez un producteur que je me suis intéressée au cinéma. Puis, j’ai commencé à produire des courts-métrages. Les réalisateurs, comme Rémy Besançon, sont passés au long-métrage ensuite. Nous avons appris à travailler ensemble. C’est un rapport de confiance. C’est aller chercher les bons talents pour les bons projets. Parfois ça ne marche pas !
Pour En Équilibre par exemple, j’étais tombée sur le bouquin et il m’était resté dans un coin de la tête, je n’ai pas eu la bonne idée tout de suite. Un jour en voyant un film de Denis Darcourt, j’ai fait le lien. Et lui m’a rappelé en me disant : « Je ne connais rien aux chevaux ». Mais il connaissait des gens qui vivaient de leur passion, qui avaient eu des accidents et qui avaient dû se reconstruire.

Avec Denis Darcourt, on est un peu comme des sortes de directeurs artistiques en perpétuel dialogue. On a un budget et nous faisons des arbitrages artistiques.

Pendant le tournage, en tant que productrice, je suis un peu moins présente. Mais je vois les rush tous les jours ! Avec Denis, on se téléphone tous les jours. Le producteur a du recul car il n’est pas sur le plateau. C’est donc important qu’on garde ce dialogue quotidien. Par exemple, Denis Darcourt sur son film a réécrit des moments pour Cécile de France car le personnage a pris de l’ampleur. Même au montage il peut y avoir du changement.

Par rapport au livre, comment a été adapté le film En équilibre ?

Le livre ne raconte pas la même histoire. Denis Darcourt a insufflé la personnalité de Bernard Sachsé. Il s’y est engouffré pour mettre du conflit et créer une rencontre. Le livre parle d’un personnage qui se reconstruit.

Pour arriver à exercer votre métier, connaissiez-vous des gens ?

Non. J’ai travaillé dans le monde juridique. Puis j’ai frappé aux portes. Au début je faisais de la saisie informatique de contrats, chez UGC par exemple. Puis je suis devenue assistante juridique. J’ai entendu que la SOFICA cherchait quelqu’un pour les investissements financiers. C’est à ce moment que je me suis mise à lire des scénarios.

Connaissiez-vous Denis Darcourt avant ?

Non, j’avais flashé sur un de ses films : La Tourneuse de Page. Nous cherchions à la base une comédienne pour Le premier jour du reste de ta vie.

Quel regard avez-vous aujourd’hui quand vous regardez un film ?

J’arrive à me détacher de mon regard professionnel, sauf si le film ne me plait pas tellement. Dans ce cas, je vais faire un peu plus attention au montage du film ou à ses petits défauts. En tous cas, j’ai un regard que je n’avais pas avant d’être productrice.

Une anecdote sur En Équilibre ?

Le fait qu’Albert Dupontel veuille faire toutes les cascades lui-même. Denis Darcourt voulait d’ailleurs respecter un certain équilibre dans les performances des acteurs, c’est pourquoi Cécile de France a pris des cours de piano et que l’instrument a pris plus d’importance dans le film.

Un conseil pour les futurs professionnels du cinéma ?

S’ouvrir à tout : théâtre, cinéma, musique, littérature. Faire confiance à son instinct et ne pas avoir peur. C’est un métier qui s’apprend sur le terrain.

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