« Montrer et ne pas montrer » par Lucile Jean

« Montrer et ne pas montrer » par Lucile Jean

Les Rencontres du Sud comme tout festival, de cinéma en l’occurrence, a sa part d’ombre et de lumière. Il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas, ce qui doit être vu et ce qui ne doit pas l’être. Exploitants, personnel du Pandora, bénévoles et étudiants ont dans leur ensemble, en tête ce petit régime protocolaire. Régime auquel il faut souscrire, si l’on ne veut pas troubler le bon déroulement du festival en montrant plus que ce que l’on devrait, ou alors pas au moment où il le faudrait.

En effet, dans un événement comme celui-ci, tout effort de préparation, de gestion et d’organisation, ne doit pas transparaître, sinon sur le papier ou à la fin du festival, lors des remerciements. Et ceci vaut aussi bien pour les bénévoles et le personnel du Pandora, qui on le dit, travaillent dans l’ombre, tels des fourmis, que pour les exploitants qui doivent dissimuler toute interrogation quant à leur planning de visionnage, par exemple. Chacun semble d’ailleurs en être tout à fait maître, sachant répondre avec exactitude à la question : « Quels films vas-tu voir aujourd’hui ? ». Toute hésitation ou manque de confianceen sa propre organisation semble ici mal supportés, essentiellement parce que le temps est compté et qu’il faut voir et montrer de manière simultanée.

Au final, parmi ce qui se voit et ce qui doit être vu, il y a soi-même mais, soi-même, pas tant qu’individu : en tant que professionnel. Chacun doit en effet signaler sa présence, comme si une présence physique ne suffisait pas, par un petit badge passé autour du cou indiquant de celui qui le porte, qu’il a le droit, qu’il est légitime dans cet endroit là. Mais lorsque la présence physique suffit, c’est à dire lorsqu’on est déjà connu et reconnu, nul besoin de ce petit signalement, l’enjeu résidant justement dans le fait qu’on a plus besoin de le montrer, de se montrer, pour être vu.

Montrer et ne pas montrer, il semble ici se dessiner un paradoxe, celui qu’on retrouve dans le cinéma d’une manière générale, c’est à dire le besoin d’éteindre la lumière pour pouvoir voir.

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