Verdon Secret de François Bertrand

Verdon Secret de François Bertrand

L'Oeil AviséVERDON SECRET

De François Bertrand
50 minutes, France
Produit par Camera Lucida Production
Sortie le 27 mars 2016
Avec Assa Sylla, Nicolas Robin, Renaud Amalbert
http://verdonsecret.com

François Bertrand nous dévoile dans ce film en 3D l’histoire et l’intérieur de la gorge du Verdon, le plus grand canyon d’Europe avec plus de 40 km de long, dont 10 km qui sont inaccessibles sauf en kayak, et qui constituent le Verdon secret. Après avoir pensé le projet depuis 1995, après des conditions de tournage extrêmes et une postproduction de 8 ans, des images magnifiques survolent ce paysage vierge de toute trace humaine, avant de plonger au cœur du sujet et de la gorge. Car en plus de descendre à 700 mètres, François Bertrand revient aussi 100 ans en arrière, sur l’histoire d’Edouard Alfred Martel, inventeur de la spéléologie et premier homme à avoir affronté le cours dangereux du Verdon, donnant son nom au chemin du canyon.

Ce retour en arrière à visée documentaire est identifié par des reconstitutions en noir et blanc, qui s’imbriquent dans une fiction plus moderne de deux jeunes, Hidalgo et Clara, qui découvrent eux-mêmes le Verdon, respectivement en kayak et à pied. C’est l’histoire d’une rencontre mais aussi d’une communion avec la nature, où la technologie n’a plus sa place (bien que le film soit en grande partie filmé par des drones). Cette nature est sublimée par des images qui dévoilent chaque aspect de la falaise sous tous ses angles, de façon immersive grâce à l’utilisation de la 3D et de points de vue subjectifs du canoë en Go pro. Mais si cet aspect documentaire est totalement convaincant, l’aspect fiction l’est beaucoup moins et manque d’aboutissement, en grande partie à cause des acteurs – si on peut parler d’acteurs – qui alourdissent le film par des répliques superflues et futiles, sans aucune conviction de surcroît. L’idée du docu-fiction n’est pas fondamentalement mauvaise et apporte une grande pédagogie au film, qui correspond bien à un écociné ou un musée du Verdon, mais de là à parler de cinéma, on aurait préféré une simple voix OFF plutôt que de prétendre raconter une histoire aussi creuse que la gorge.

On souligne cependant, encore une fois, une photographie remarquable qui caresse les contrastes de la roche, des végétaux et des ombres sous les feuilles brunes de l’automne. Un beau message écologique s’y dessine en opposant la virginité et la pureté du lieu, indomptable et imprévisible, face à la sédentarisation humaine et sa domestication du paysage, son désir de possession épargnant ces 10 km du Verdon secret. La falaise monumentale et vertigineuse y écrase la figure humaine qui n’y est plus que peu de chose, disparaissant entre les crevasses. L’histoire suit à proprement parler le fil de l’eau, dont le son, apaisant ou effrayant, accompagne le film. Mais filmer le Verdon c’est aussi l’apprivoiser, et le réalisateur conserve ainsi un peu du mystère du Verdon en n’exposant pas tout mais plutôt en invitant à le découvrir par soi-même (du moins la partie accessible).

Un beau film donc, qui oscille trop entre documentaire et fiction mais proposé en salles avec une exposition de photos et une présentation du film, à découvrir dès la semaine prochaine le 27 mars !

Laura Bourdais

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